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Éducation

Étape Un : Épurer le système

Karenne Friday December 29, 2023

 

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Vivre sur cette planète prend certaines connaissances. En tant qu’humains, nous naissons avec peu d’instinct. Tout doit nous être montré. Nous apprenons en imitant, en répétant, en jouant, en observant et par essai et erreur. On a formalisé l’éducation afin de centraliser et contrôler les savoirs. La raison pour laquelle la plupart des pays ont décidé de rendre l’éducation formelle d’un bien public est pour donner les chances égales à tous, ou du moins, le plus possible. En théorie, c’est une belle idée et on ne peut pas contester qu’elle ait eu une bonne influence dans la population. Comme dans beaucoup de cultures, l’éducation formelle était d’abord pour les riches, et les autres devaient se contenter de ce que leurs parents pouvaient leur apprendre. Souvent, ce que les parents connaissaient était en lien direct avec ce qu’ils faisaient pour subvenir à leurs besoins et les besoins de leurs familles. Alors, l’apprentissage était très pratique, mais très limité. L’Église au Québec a pris l’éducation en main afin d’assurer une génération de bons petits chrétiens et si ces bons petits chrétiens apprenaient quelques notions de mathématiques et de français en cours de route, ça ne pourrait pas nuire. Ensuite, l’État a pris l’éducation en charge. Avec l'industrialisation, on a constaté l’avantage d’avoir une main-d'œuvre plus éduquée. On a voulu alors imposer l’éducation formelle et standardisée à tous. La famille industrielle devenait un bien au service de la société de consommation. Il faut occuper les enfants et faire en sorte qu’ils grandissent en faisant partie de la société et deviennent de bons petits consommateurs et contribuent à faire rouler l’économie à leur tour.

Mon résumé est un peu simpliste et je sais qu’il y a beaucoup de nuances et de détails manquants, mais, en gros, il faut retenir que l’éducation formelle, standardisée, obligatoire, sert primordialement à faire rouler l’économie dans une société de consommation. Plus nous formerons de bons travailleurs efficaces , mieux notre économie va se porter. Avec une économie saine, les petits travailleurs peuvent aller magasiner les fins de semaine et participer à des multiples activités de loisirs. Tout pour que ça retourne dans le système afin de le faire tourner. Et comme notre système au Québec est sectaire, on réserve la ‘très bonne’ éducation pour former ceux et celles qui deviendront nos leaders, nos chefs d’entreprises et nos professionnels d’emplois les plus proéminents. Les autres vont devoir se contenter d’une éducation de base et être mélangés avec ‘ceux qui restent.’ Certains auront accès à des emplois de qualité et à des salaires encore plus élevés, tandis que beaucoup demeureront en bas de l'échelle salariale. (1)

Même si ceci n’est pas un essai pour faire l’histoire de l’éducation et du système éducatif ni une comparaison des systèmes d’ici ou d’ailleurs, il faut tenter de comprendre sommairement d’où est venue l’idée de l’éducation formelle, standardisée et institutionnalisée. Il y a d’autres ouvrages qui traitent de l'histoire de l'éducation en profondeur. Il y en a aussi qui comparent les systèmes et les approches. Je n’en ferai pas le récit de ces éléments-là, mais je vous invite à faire un petit tour de certains ouvrages qui traitent le sujet. Je crois qu’il est important de se poser la question d'où vient l’idée de prendre politiquement en charge l'éducation , de choisir un curriculum et de le répandre globalement. Maintenant, sortons l’éducation du système tel qu’on le connaît et repensons notre relation avec l’apprentissage.

Certains systèmes ont leurs mérites. On entend parfois parler des études démontrant le succès de l’éducation dans d’autres pays. On fait souvent référence aux pays scandinaves. On peut même en tirer des aspects positifs de notre système ici au Québec qui se dit un système pour tous, qui dit vouloir donner des chances à tous les enfants et qui cherche désespérément à mettre tout le monde au même niveau. Un livre qui m'a inspiré récemment fait une méta-analyse de plusieurs études pour déterminer les stratégies et approches les plus efficaces se basant sur le rendement des élèves. (2) C’est un ouvrage très intéressant et très détaillé, mais encore, il ne fait que l’analyse de ce qui est fait et des méthodes employées actuellement. J’en ferai référence à quelques reprises puisqu’il y a beaucoup d’éléments à retenir.

En même temps, ce que j’écris n’a pas pour but d' analyser le système pour ensuite le modifier, le bonifier, le perfectionner ou d’en créer un autre, mais de questionner les bases de l'éducation elle-même. Qu’est-ce que l’éducation? Quel est notre but en envoyant nos enfants toute la journée 5 jours sur sept dans des établissements consacrés à faire apprendre aux enfants des choses que nous avons jugées comme étant importantes? Nous cherchons à leur apprendre ce que nous avons désigné d’important à apprendre. Dans nos cultures occidentales, nous insistons sur le fait que tout le monde a le droit à l’éducation. Même si on peut être d’accord sur ce principe, on doit se poser la question: quelle éducation? Et pourquoi devons- nous ‘faire’ apprendre aux enfants? Nous partons alors d’une prémisse que les enfants ne veulent pas apprendre et n’apprendrons pas les choses comme il faut s’ils ne sont pas encadrés dans un système et guidés par des mentors adultes que nous avons embauchés pour arriver à ces fins. Nous déterminons qu’ils ont besoin des mêmes balises chacun et qu’en abordant les exigences prédéterminées, ils seront prêts à affronter la vie et ils auront les bases nécessaires pour être des adultes et vivre leurs vies convenablement sur cette planète. Seulement, si je regarde beaucoup d’adultes issues de ce système, je m'interroge sur l’efficacité de cedit système. Des adultes pensants, critiques, créatifs et imaginatifs, il y en a moins que ce qu’il devrait y en avoir, selon moi, afin de créer une société pensante, intéressante, avec des acteurs proactifs et qui sont capables de prendre des décisions intelligentes et critiques pour eux-mêmes et pour la société en général. Et l’intelligence, qu’est-ce que c’est au fond? Est-ce que c'est le fait de pouvoir écrire sans fautes? Ou bien connaître ses tables? Le signe d'intelligence serait-il de grandir et devenir PDG d’une grande compagnie? Prenons le temps de réfléchir profondément à cette question.

(1)Articles pertinents sur le système d’éducation à trois vitesse au Québec https://www.lesoleil.com/2022/10/19/un-systeme-scolaire-quebecois-a-trois-vitesses-b0a8d35956d815f64c9781bf316bfc87/ https://lactualite.com/societe/education-en-finir-avec-lecole-a-trois-vitesses/ https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2022-05-14/a-propos-de-l-ecole-a-trois-vitesses.php

(2) Hatie, John, (2017). L’apprentissage visible pour les enseignants : connaître son impact pour maximiser le rendement des élèves. Préface de Monique Brodeur, Claude St-Cyr. Traduction, Marc Denis. Québec (Québec). Presses de l'Université du Québec.