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Éducation

Introduction

Karenne Tuesday December 26, 2023

Classe Primaire   

 

Fermez vos yeux. Repensez à vos années à l’école. Vous revoyez les classes de la maternelle jusqu’à la fin de votre secondaire. Vous humez les odeurs plaisantes et celles qui le sont moins. Vous revoyez vos enseignants, parfois plein d’amour et de passion, parfois stricts et froids. Vous imaginez les chaises, les bureaux, vos petits cahiers et le tableau en avant. Vous revoyez également vos camarades de classe. Certains étaient vos amis, et certains non. Certains représentaient même une source de détresse pour vous. Évidemment, il faut revisiter la cour d’école; l’endroit de prédilection pour un jeune enfant du primaire. C’est là où les amitiés se faisaient, se brisaient et où l’enfant explorait. Essayez maintenant de vous remémorer des choses que vous avez apprises. C’est peut-être moins évident. L’école peut être un endroit plaisant, déplaisant et parfois neutre, mais une chose est certaine, c’est un endroit significatif dans la vie de tous les enfants dans les pays industrialisés. Un enfant passe plus de temps à l’école que dans sa propre famille. C’est pour cette raison que ce n’est pas une affaire à prendre à la légère. Lorsque j’ai fait ma maîtrise en sociologie, j’ai constaté à quel point l’école a une influence significative sur l’enfant. La famille a généralement la plus grande influence sur l’enfant et l’école est en deuxième place. Vous vous dites peut-être que c’est évident, mais, si c’est si évident, pourquoi a-t-on tendance à accepter l’école dans sa forme actuelle et que l’on ne met pas plus d’importance sur cette institution?

L’éducation. C’est tout un concept. Par où commencer? Et que pourrais-je dire de plus qui n'ait pas déjà été écrit? Peut-être rien du tout. Pourquoi l’écrire alors? Parce que je suis passionnée par l'éducation et que je prends les enfants au sérieux. Nous avons le devoir de prendre les enfants et leur enseignement au sérieux, non seulement parce que c’est l’avenir, mais parce que c’est le présent! Nous les adultes sommes tellement préoccupés par nos occupations, nous courons à gauche et à droite, on ne prend pas le temps que l’on devrait pour réfléchir et s’engager dans les choses qui concernent notre bien-être personnel et notre bien-être collectif. J’entends beaucoup de parents dire qu’ils ne trouvent pas assez de temps pour passer de beaux moments avec leurs enfants. C’était l’objet de recherche de mon mémoire de maîtrise: la satisfaction relationnelle dans les familles. Tous les questionnaires qui ont été remplis par les parents, ainsi que par les enfants démontrent que nous n’avons pas de temps, pas de temps pour les choses essentielles et surtout pas pour la famille. Pourtant, nous en réclamons toujours davantage. Ceci étant dit, nous laissons nos enfants dans les institutions chaque matin et nous espérons ardemment que ceux qui y œuvrent puissent faire un beau travail avec notre progéniture.

J’aimerais vous inviter à repenser la notion de l'éducation. Je souhaiterais que nous puissions prendre le temps d’y réfléchir sérieusement afin de nous questionner sur notre rôle dans l’éducation des enfants et de nous interroger sur comment cette institution pourrait être repensée. Dans la loi sur l’instruction publique, j’ai découvert à ma grande surprise en 2014 qu’il y a une clause qui permet aux parents de faire la demande d’une autre sorte d’éducation.(1)  C’est comme ça que les écoles alternatives ont vu le jour. Il existe donc un précédent pour que les parents s’investissent davantage dans une réflexion sur l’éducation. Je crois que l’on peut pousser cette réflexion sur l’éducation plus loin. Je crois en effet que l’on peut refaire le système au complet afin que tous les enfants puissent en bénéficier. Vaste programme me direz-vous, et c’est vrai que c’est une tâche colossale, je suis bien d’accord. En même temps, si nous prenons exemple sur les initiatives déjà prises par le passé, et si on se donne ce mandat en prenant l’éducation à cœur, je demeure convaincue que c’est tout à fait possible. J'espère du moins insuffler un élan de réflexion sur ce sujet, qui est véritablement un des piliers de notre société, en plus d’être une de mes passions. Je souhaite que cet ouvrage soit accessible à tous les citoyens.  Je voudrais enclencher un débat sur la façon dont on conçoit et aborde l’éducation.

J’ai travaillé longtemps dans le système, à côté du système, en parallèle du système, à l’extérieur du système et j’ai observé plusieurs façons d’aborder l’éducation dans plusieurs pays et régions. Je vous fais part de mes réflexions sur l’éducation parce que je crois que nous avons perdu de vue le véritable but, le sens et la mission de l’éducation dans sa forme actuelle. On continue à faire comme avant. Et si on ne se pose pas trop de questions, ça semble fonctionner. Après tout, ce n’est pas si mal. Mais, est-ce qu’elle fonctionne ? Est-ce que l'éducation est optimale dans sa forme actuelle ? Si l’on pose un regard critique sur l’ éducation telle qu’on nous la propose, nous voyons plusieurs problématiques.

La réflexion que j’amorce ici fait également suite au cri de cœur de mes collègues dans l’enseignement. Il est temps d’écouter les gens qui œuvrent dans le système d’éducation et qui transmettent des connaissances aux enfants; ceux qui doivent livrer la marchandise, composer avec nos enfants, gérer toutes sortes de situations qui comportent des tensions et des défis, mettre en pratique les notions, les réformes, les politiques, les méthodes, et j'en passe. Nous n'arriverons pas à un consensus immédiat, mais nous devons entamer cette discussion, et essayer de faire table rase et laisser de côté tout ce qu’on connaît, tout ce qu’on croit connaître sur l’éducation et nos conceptions de ce qu’elle “devrait” être, avant de prendre des décisions. On doit poser des questions et chercher à comprendre ce qu’on essaye vraiment de faire.

On le constate, on le crie : “Les problèmes sont connus, mais nous semblons incapables de les résoudre. Et la pandémie n’a fait qu’exacerber cet état des choses. Une réflexion collective sur le système, incluant tous les acteurs concernés, ferait œuvre utile.” (2)

Ainsi, je joins ma voix à mes prédécesseurs qui ont beaucoup influencé l’éducation et pour qui j’ai une grande admiration. Je nomme surtout Maria Montessori, Célestin Freinet, Jean Piaget, Paulo Freire, Augusto Boal, Barbara Coloroso, mais aussi, mes parents, mes grands-parents paternels, mes oncles et mes tantes qui ont tous œuvré dans l’éducation et qui m’ont inspiré. Je n’oublie pas tous les enseignants passionnés que j’ai eu la chance de croiser.

À travers ce récit je tenterai de poser des questions et d'entreprendre un questionnement sociétal afin que nous puissions débattre l’éducation et de l’avenir.  Nous devons repenser notre façon de traiter les enfants. Je vous invite à vous poser des questions parce qu’il ne revient pas uniquement aux décideurs , aux bureaucrates et aux enseignants de le faire:c’est un enjeu de société. Oui, il y a des gens qui étudient la question plus en profondeur, mais il est de notre devoir d’être informés et de se responsabiliser, afin de pouvoir s’opposer si besoin est, et de participer à l’élaboration d’un système, plutôt que de s’en faire imposer un à n’importe quel prix.

En même temps, nous ne sommes pas des experts en éducation simplement du fait d’avoir nous aussi fréquenté des écoles. Par contre, je crois qu’en nous impliquant davantage et en faisant un peu de recherche, un peu de réflexion et d’introspection, nous pourrons contribuer à la métamorphose du système. J’espère sincèrement que ce texte servira à en inspirer plusieurs à repenser leur approche à l’éducation.

Les collaborateurs du manifeste sur l’éducation au Québec l'ont bien dit : “Pour l’essentiel, le Manifeste invite le Ministère à procéder à un changement profond d’attitude en se concentrant sur le pourquoi de l’éducation” (3) et comme le précise Paul Gérin Lajoie, le père fondateur du ministère de l’Éducation au Québec : « Ce travail éducatif généralisé nécessite des investissements matériels, mais il exige surtout pour atteindre son but une mobilisation de tous les acteurs autour d’une vision partagée de l’avenir. » (4)

(1) Loi sur l’instruction publique, article 240 : Exceptionnellement, à la demande d’un groupe de parents et après consultation du comité de parents, la commission scolaire peut, avec l'approbation du ministre, aux conditions et pour la période qu’il détermine, établir une école aux fins d’un projet particulier autre qu’un projet de nature religieuse.  La commission scolaire peut déterminer les critères d’inscription des élèves dans cette école.

(2) Sirois, Alexandre.  Au Québec, l’éducation mérite (encore) mieux,  La Presse. https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2021-02-07/au-quebec-l-education-merite-encore-mieux.php

(3) Juneau, Albert et cie.   Donner une nouvelle impulsion à la réussite scolaire au Québec, Manifeste sur l’éducation au Québec.

(4) Doray, Pierre et Claude Lessard, direction.  Coll (2015).  50 ans d’éducation au Québec.  Préface par Paul Gérin-Lajoi.  Montréal.  Presses de l'Université du Québec. 308 p.

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